J’ai suivi une formation sur les matériaux avec une spécialisation sur les élastomères, notamment les caoutchoucs, qui ne sont pas les matériaux les plus simples à recycler, de par leur structure chimique réticulée irréversible.
J’ai réalisé ma première expérience professionnelle (11 ans) chez l’un des plus gros producteurs de pièces en caoutchouc. Cela consistait à développer, dans son centre R&D des élastomères thermoplastiques du type TPV (EPDM/PP) et TPE (SEBS/PP) pour des applications à destination de l’automobile et du bâtiment.
Cette expérience m’a permis d’avoir une double compétence sur les élastomères et sur les thermoplastiques et ainsi de développer une expertise sur les plastiques, leur process de production (formulation, compoundage par extrudeuse bi-vis) et leur mise en œuvre (extrusion et injection).
Le métier d’Expert Plastique consiste en général à savoir transcrire les besoins fonctionnels d’un produit ou d’une pièce en plastique en cahier des charges matière. A partir de ce CDC matière, l’Expert Plastique va pouvoir développer la matière spécifique répondant à ce CDC (comme lors de ma 1ère expérience), ou encore travailler avec des fournisseurs matière qui proposeront les matières existantes dans leur catalogue. Si rien ne correspond au besoin, l’Expert Plastique pourra réaliser un développement spécifique (c’est le cas au sein de ma mission actuelle).
Dans la cadre de ma mission, ma fonction est double :
La période actuelle est inédite en ce qui concerne la tension croissante sur les approvisionnements matières.
Cela génère un regain d’activité pour les Experts Plastiques, qui doivent choisir de nouvelles sources d’approvisionnement, en collaboration avec les achats et la gestion technique. Cela constitue également une opportunité de qualifier et de plus facilement mettre en production des grades recyclés (souvent plus chers), à la place de grades vierges en rupture d’approvisionnement.
Les plastiques ont un impact majeur sur l’environnement et sont associés à des challenges tels que la pollution terrestre et des océans, l’épuisement des ressources, les émissions de CO2, le changement climatique et la biodiversité.
Il est important de promouvoir l’utilisation de plastiques recyclés car ils ont un impact environnemental réduit par rapport aux plastiques vierges et participent à l’économie circulaire.
Bien sûr, ceci doit être vérifié grâce à la réalisation de Profil Environnemental Produit, qui vérifie l’impact environnemental suivant plusieurs critères (dont le CO2) durant tout le cycle de vie de la matière ou du produit (Life Cycle Assessment).
Les enjeux du recyclage des plastiques sont colossaux. Malgré la récupération des plastiques par le tri sélectif de nos poubelles, la grande majorité de nos déchets plastiques sont encore traités par incinération (dégagement de CO2 et autres gaz toxiques) ou par enfouissement (pollution des sols et de l’eau), ce qui n’est pas idéal.
Il est toutefois difficile de recycler la plupart des déchets plastiques car ils sont rarement mono-composant. Les sources de déchets plastiques exploitables par les fournisseurs de matières restent très limitées, notamment en ce qui concerne le recyclage mécanique.
Le schéma ci-dessous permet d’identifier les différents types de plastiques recyclés (mécanique et chimique) et les différentes sources de déchets plastiques (PCR/PIR) :
Les plastiques recyclés mécaniques génèrent la meilleure réduction des émissions CO2. Cependant, l’impact sur les propriétés mécaniques pour des applications techniques, nécessite l’utilisation de sources PIR qui sont plus propres, mais moins intéressantes pour réduire la pollution.
Le recyclage chimique est moins intéressant au niveau de l’impact CO2 car cela nécessite un traitement chimique énergivore. Son avantage réside dans la possibilité de consommer une plus grande variété de déchets plastiques (PCR), limitant ainsi la pollution de façon plus importante. Cela permet également d’avoir une fourniture plus sécurisée de plastiques recyclés avec moins d’impact sur les propriétés (notamment le Back to oil).
Au sein de ma mission, l’utilisation de plastiques recyclés et plus généralement de « Green Plastics » est fortement préconisé. Dans la stratégie « impact 2021-2025 », l’un des objectifs est d’augmenter à 50% le contenu de « Green Material » (incluant les métaux et plastiques) d’ici 2025.
Pour les plastiques, j’ai participé à des groupes de travail permettant de définir ce qu’est un plastique vert. Il a été défini que, rentrent dans cette catégorie « Green Plastics », les plastiques recyclés avec, à minima 20% de contenu recyclé, ainsi que les plastiques biosourcés (sauf pour une source en compétition avec l’alimentation), mais également les plastiques contenant certains retardateurs de flammes verts (moins toxiques).
Dans la BU dans laquelle je travaille, les initiatives de remplacement de pièces en plastique vierge par du plastique recyclé se multiplient. Je travaille sur un projet qui consiste à remplacer les enveloppes des disjoncteurs résidentiels (MCB, RCCB, DPN) par des plastiques recyclés. Pour les MCB et RCCB, le passage en production a déjà eu lieu et le volume impacté dépasse les 450 tonnes de plastiques recyclés chimiques (Back to oil) pour 2022.