Se nourrir à bord du bateau Elitys : l’avitaillement

Quand on pense à la course au large, on imagine d’abord la mer, le vent, la performance et la navigation.

Pourtant, un autre aspect, plus discret mais tout aussi crucial, participe à la réussite d’une traversée : l’alimentation. Derrière les performances de Victor, skipper soutenu par Elitys, il y a un travail minutieux mené en amont par Enora Ferezou, Responsable logistique et administratif du projet.

Elle partage avec nous les dessous de l’avitaillement en course, entre contraintes techniques, besoins physiologiques et astuces pour garder le cap… même sans cuisine à bord.

Quelles sont les principales contraintes concernant la nourriture à bord d’un bateau ?

Les principales contraintes sont liées au fait qu’il n’y a pas de cuisine traditionnelle à bord. La nourriture est réchauffée à l’aide d’un Jetboil, un appareil qui chauffe l’eau très rapidement.

Par conséquent, les repas se limitent souvent à des plats lyophilisés ou à des repas que l’on réchauffe simplement. La préparation des repas doit être pensée en fonction de ces contraintes, en privilégiant des options simples et pratiques.

Le manque de temps pour cuisiner est également un facteur à prendre en compte, d’où l’importance de choisir des aliments faciles à préparer.

Avitaillement : nourrir un skipper en mer

Comment Victor organise-t-il ses repas à bord ?

Victor est assez pragmatique en matière d’alimentation. Il n’est pas dérangé par le fait de manger des repas répétitifs.

Pour lui, il n’est pas nécessaire de varier constamment les menus. Il peut manger la même chose plusieurs jours d’affilée, à condition de varier les types de plats.

Le principal critère est de s’assurer que l’apport calorique est suffisant, tout en limitant les sucres. J’ai donc structuré l’avitaillement autour de ces principes : des plats simples, riches en calories et pauvres en sucre.

Comment as-tu élaboré ce plan nutritionnel, notamment en termes de calories ?

Avec ma formation de kinésithérapeute, j’avais déjà quelques bases en nutrition. Ensuite, je me suis documentée pour compléter mes connaissances.

Les plats testés par Victor lors de la Mini Transat 2023 apportaient déjà de bons nutriments. J’ai ajouté des barres protéinées pour compléter les repas et garantir un apport suffisant en protéines et calories.

Mon objectif était de créer un équilibre nutritionnel tout en restant simple et pratique.

Quelles sont les spécificités des choix alimentaires de Victor ?

Victor n’est pas très exigeant en matière de variété. Il privilégie des plats simples, qu’il connaît bien, sans chercher à découvrir des mets extravagants.

Habitué des plats lyophilisés et appertisés, il les utilise régulièrement lors de courses comme la Mini Transat. Certains d’entre eux sont choisis pour leur richesse en protéines ou autres nutriments essentiels.

Mais, au final, le goût reste un critère déterminant : en mer, il est important d’apprécier ce que l’on mange.

Victor n’est pas attiré par les plaisirs sucrés ; il évite même le sucre autant que possible.

Le seul petit plaisir qu’il s’accorde à bord reste les saucissons Justin Bridoux, qu’il apprécie tout particulièrement. Il a aussi un faible pour les « breakfasts » de chez Bocaux et Petits Plats, qu’il consomme presque chaque matin !

Avitaillement : repas de Victor à bord

Peut-on dire qu’il y a une différence entre ce que l’on mange en mer et à terre ?

Absolument. En mer, certains aliments sont beaucoup plus agréables à manger que sur terre, simplement parce qu’ils répondent à des besoins spécifiques liés à l’environnement marin.

Par exemple, les plats lyophilisés et appertisés, bien qu’ils soient souvent appréciés en mer, seraient vite lassants si on les consommait à terre pendant plusieurs jours. En mer, on peut manger des plats simples plusieurs jours d’affilée sans problème, alors qu’à terre, on se lasserait plus rapidement.

Et concernant les boissons, est-ce qu’il se contente uniquement d’eau ?

J’ai essayé de lui faire intégrer des solutions d’hydratation dans son eau pour améliorer ses apports en électrolytes. Cependant, en raison de la logistique des courses, nous n’avons pas encore trouvé un moment opportun pour tester cela sur le terrain.

Victor est souvent très occupé pendant les courses et n’a pas encore eu le temps de s’y consacrer pleinement. C’est encore en réflexion, notamment pour déterminer les meilleurs moments pour intégrer ces solutions d’hydratation.

Est-ce que la gestion des repas est différente pendant les courses « inshore » ?

Oui, pendant les courses en mer, il n’est pas toujours possible de manger des plats classiques nécessitant d’être réchauffés.

Il faut donc veiller à avoir des repas faciles à consommer rapidement avant et après chaque course, tout en veillant à ce que les apports nutritionnels soient suffisants pour soutenir les efforts physiques.

C’est un aspect de la logistique qui doit être anticipé avec soin pour que la récupération soit optimale entre les différentes manches de la compétition.

La prochaine grande étape pour Victor ? La mythique Solitaire du Figaro, où chaque détail, y compris l’avitaillement, jouera un rôle clé dans sa performance.